Poitiers, 1984 — 1989

L’Arthotèque : “Les Art Services”

Inauguration de “Les Arts Services” en présence de l’adjoint de la Culture :










Elle ouvre l’artothèque “Les Arts Services” en 1985.







Denise Sbourin avec Bruno Gauduchon, Mose, Anne Gauduchon, Susumu Kudo, Matsutani.

“Les Arts Services” s’installe à “Des Licéarium”.





Archives départementales de la Vienne 1256 W 298 – ARTS PLASTIQUES. Associations 1983. L’art en Chaîne (1986-1992). Coupure de presse, “Des tableaux en location !” Nouvelle-République du Centre-Ouest, le 8 octobre 1987. De gauche à droite : Denise Sabourin, Anne Roussel et Agnès Brion ©ARP2025

“Visite dans les archives – La création de l’artothèque de Poitiers”

19/02/2025 par

“L’actuelle artothèque de Poitiers trouve ses origines dans une initiative associative portée par Denise Sabourin qui, en 1984, en tant qu’artiste passionnée d’art contemporain, fonde la galerie associative Des Licearium au 13, rue de la Chaîne à Poitiers. Elle témoigne qu’il y a sur Poitiers un dynamisme associatif dans la danse et le cinéma, donc toute une population attentive aux innovations artistiques en tout genre.

L’inauguration de la galerie est marqué par le vernissage de l’exposition des «picto-drames » d’André Elbaz, peintre et précurseur de l’art-thérapie. Conçus en collaboration avec son épouse psychiatre, ces œuvres établissent un lien étroit entre création artistique et démarche thérapeutique. Fidèle à cette vision, Denise Sabourin affirme : « La galerie Des Licearium ne veut pas populariser, vulgariser, stéréotyper l’art, mais lui redonner sa juste place dans l’individualité et vers une nouvelle conscience ». Ainsi, cette première exposition fait écho à la vision de Denise Sabourin sur l’art contemporain.

Dans cette perspective, le collectif d’animation de l’association définit deux axes majeurs : la santé par l’expression artistique et l’art comme un vecteur d’expressions multiples, ouvrant ainsi la voie à des conférences, débats et autres événements culturels. C’est dans cette continuité qu’en 1985, une seconde exposition est consacrée à Sylvain Loisant, peintre pastelliste pour qui l’art est avant tout un mode de vie. Son travail, centré sur la nature, illustre une approche thérapeutique de la peinture, orientation que la galerie entend approfondir, sans toutefois en faire une systématisation rigide. Sylvain Loisant s’inscrit dans le courant de l’expressionnisme abstrait, un mouvement que Denise Sabourin souhaite mettre en valeur dans sa galerie.



Archives départementales de la Vienne 1256 W 298 – ARTS PLASTIQUES. Associations 1983. L’art en Chaîne (1986-1992). Extrait du document “Des Licearium” ou la santé par (dans) l’expression ©ARP2025
À la suite de l’engouement que connaît la galerie, elle souhaite faire évoluer le lieu en artothèque, tout en gardant une partie galerie pour réaliser des expositions. Son projet s’inscrit dans la continuité d’une expérience nationale de développement des artothèques, initiée au début des années 1980 sous l’impulsion du ministère de la Culture. Cependant, cette même année, un tournant politique vient entraver cette perspective : le transfert du ministère de la Culture de Jack Lang à François Léotard en 1986 marque un changement d’orientation dans la politique culturelle française. L’État amorce un désengagement progressif dans le financement des nouvelles structures culturelles. Dans ce contexte, le ministère met un terme aux aides destinées à la création de nouvelles artothèques, obligeant les porteurs de projets à chercher d’autres sources de financement, notamment auprès des collectivités territoriales.

En 1987, l’association Des Licearium, devient L’art en Chaîne et l’artothèque Les Arts Services voit le jour grâce à un financement de 25 000 fr. de la DRAC et de 18 500 fr. de la ville de Poitiers. Le fonds est alors composé de 140 estampes et photographies, marqué par la présence d’artistes comme Zao Wou Ki (rattaché au mouvement de l’abstraction lyrique) ou Dali . L’artothèque achète ainsi cette même année, l’eau forte Diane de Poitiers de Dali, dans une référence à la ville.

L’artothèque continue de fonctionner de manière associative jusqu’en 1993, année où elle est municipalisée, le fonds d’œuvres devenant alors public. En effet, Denise Sabourin souhaite cesser son activité après avoir organisé, pour le rectorat de Poitiers au CRDP, la formation des enseignants autour des expositions de Honegger, Viallat, Viera da Silva, Matsutani ou encore Guinovar. Jean-Louis Biard, alors responsable du service culturel de la mairie de Poitiers et membre de l’association L’art en Chaîne, propose cette solution pour ne pas disperser le fonds de l’artothèque. Il est le principal interlocuteur entre l’association et la mairie, qui s’engage à valoriser la collection et à poursuivre la démarche de l’association.




Archives départementales de la Vienne 1256 W 298 – ARTS PLASTIQUES. Associations 1983. L’art en Chaîne (1986-1992). Lettre d’Alain Bonfand à Denise Sabourin, le 13 juin 1986 ©ARP2025



Base de données du projet ARP. Fiche œuvre Dali, Diane de Poitiers, collection artothèque de Poitiers ©ARP2025



Archives départementales de la Vienne 1256 W 298 – ARTS PLASTIQUES. Associations 1983. L’art en Chaîne (1986-1992). Convention pour le transfert de la gestion de l’artothèque entre la ville de Poitiers et l’association Art en Chaîne, le 12 novembre 1992 ©ARP2025
Je remercie Denise Sabourin et Jean-Louis Biard, avec qui j’ai réalisé des entretiens afin de pouvoir réaliser cet article.”

Jade Gendrot, Hypotheses.org
19/02/2025